Arslane – Not a Music Blog (notamusicblog.com), 27/10/2020

Labasheeda, le groupe qui va vous réconcilier avec le punk rock

Pas mal de temps s’est écoulé depuis notre dernière review d’album et il était temps de remédier à tout cela.
Toujours avec l’ambition de nous concentrer sur des artistes tout sauf mainstream, la review d’aujourd’hui s’attardera sur le groupe Labasheeda et leur dernier album dénommé Status Seeking sorti en Septembre dernier.

Groupe originaire des Pays-Bas formé en 2004 et composé de 4 personnes, Labasheeda met le punk à l’honneur avec un projet qu’on pourrait qualifier d’audacieux et avant-gardiste mais qui s’inscrit néanmoins dans la continuité des précédents albums.
Oui vous l’aurez compris, cela fait déjà bien des années que Labasheeda casse les codes !

Le premier morceau de l’album, ‘Dark Dream’, donne directement le ton sur ce que seront les 40 prochaines minutes.
Guitares énergiques, basses qui nous prennent aux tripes, voix envoutante et énigmatique de la chanteuse Saskia Van der Giessen… Le groupe puise une certaine inspiration dans le rock expérimental et post-punk des années 90 et ne s’en cache clairement pas, pour notre plus grand plaisir.
Les fans de Sonic Youth et groupes du même registre y trouveront certainement leurs comptes.

Le violon est également un instrument mis à l’honneur et celui-ci fait son apparition pour la première fois lors du morceau ‘False Flag’, habilement manié par Saskia qui a décidément plus d’une corde à son arc.
‘False Flag’ qui est par ailleurs à titre personnel mon morceau préféré de l’album avec Interruption et ‘Crossing Lines’.
En effet, le groupe prouve avec ce titre qu’il n’a pas peur de prendre des risques et qu’il maitrise son sujet, jouant sur plusieurs registres différents. On appréciera également la basse notamment en milieu de morceau, particulièrement “heavy” et qui viendra parfaitement contraster avec le violon.

Un violon que l’on retrouvera aussi dans les morceaux Crossing Lines ainsi que Uncomfortable Objects et sa très belle montée en puissance !
Déjà précédemment évoqué, ‘Crossing Lines’, morceau qui pourrait rappeler les premiers albums de Slowdive, est pour moi la petite pépite de Status Seeking grâce à ses enchainements de guitares acoustiques/électriques, le tout magnifié par de superbes backing vocals de la part de la deuxième chanteuse Danielle Pijpers.
Sans oublier un bel élément de surprise en fin de morceau et des choix artistiques dans la composition qui ne laissent sûrement pas indifférent. Le rythme est particuliérement entraînant et on ne s’en lasse pas.

Il n’est à non pas douter que le groupe puise pas mal de son inspiration chez plusieurs groupes post-punk et rock expérimental tout en y ajoutant bien entendu plusieurs touches bien singulières et propres à eux.
Je pourrais citer Basement, Warpaint, Slowdive ou encore Sonic Youth parmi les groupes que me rappelle Labasheeda avec cet album.

Le collectif déclare pratiquer de l’art punk, il faut se méfier des étiquettes, ne t’attends en tout cas pas à entendre les Ramones, les U K Subs ou les Heideroosjes!

L’album se lance avec l’efficace ‘ Dark Dream’ évoquant la hargne et la causticité des premiers Breeders, la voix de Saskia montrant quelques similitudes avec celle de Kim Deal.

Le son est brut, les guitares lacèrent, la basse pulse comme au bon vieux temps de l’alternative rock millésimé 80’s, style Belly, Guided By Voices, forcément Throwing Muses ou Sleater-Kinney.

Le midtempo ‘Reunion’ baigne dans les mêmes eaux que la plage inaugurale, un violon approprié, placé au bon moment, nous rappelle que rock violin exists ( remember Curved Air, The Flock ou The Penguin Cafe Orchestra), tout s’écoule paisiblement …I won’t forget to remind you… susurre la voix, puis soudain, la basse, fourbe, annonce un changement de climat, l’orage éclate, la voix se fait stridente, ce n’était qu’une bourrasque passagère, retour à la quiétude.

Sont hollandais, tu dis, cette troisième plage baptisée ‘ Interruption’ me rappelle leurs compatriotes Bettie Serveert , même si les fans de Betty Stöve montre un caractère plus poppy.

A droite tu lis Pixies, à gauche Sonic Youth, en France certains avancent Slowdive, il y a de tout cela dans le cocktail proposé, mais avant tout il y a du Labasheeda.

‘Elusive girl’ constitue la première ballade de cet effort discographique, elle est joliment décorée par un orgue cérémonial, ‘False flag’ qui lui succède reprend le flambeau alt. rock, un violon violent vient vous agresser alors que vous étiez toujours sous le charme de la romance précédente, ce drapeau flou te ramène vers l’énervé ‘ Suds and Soda’ de dEUS et nous prouve que le gang de Saskia peut tout se permettre sans se fourvoyer.

‘Crossing Lines’ multiplie les changements de direction, démarrage acoustique, virage noise, solo de violon aérien sur toile rythmique shoegaze et un Hammond liturgique pour achever la messe, étonnant!